Pour ne pas oublier.

Plusieurs fois, on m'a demandé d'où vient ma passion pour l'écriture.
J'ai commencé à écrire le jour de mes 12 ans lorsque j'ai reçu un journal intime pour mon anniversaire.
J'écrivais pour ne pas oublier. J'étais terrorisée à l'idée d'arriver à l'âge adulte et d'avoir oublié toutes les pensées, émotions et expériences qui occupaient ma vie d'enfant.
Aujourd'hui, j'aimerais écrire pour la même raison. Pour ne pas oublier.
Ubud, Bali, décembre 2019.
À peine arrivée dans ce village des montagnes indonésiennes, j'ai directement senti une énergie particulière. Une énergie douce, qui pousse a la contemplation, la contemplation extérieure et intérieure, une énergie bienveillante, de paix et de bien-être.
Ce sera l'aspect spirituel qui revêt ces lieux. Chaque famille possède un temple. Parfois, plusieurs familles combinent leurs économies pour construire un seul et même temple auquel ils auront tous accès. C'est le cas du bed and breakfast dans lequel je loge. En face de mon bungalow, un temple d'un demi-hectare est partagé par la famille qui m'héberge et les deux familles voisines.
Ce sera le vert des montagnes. Une jungle apprivoisée. Des bananiers, des cocotiers et d'autres centaines de variétés d'arbres dont je ne connais pas le nom. Des rizières, des plantations de café à n'en plus finir.
Ce sera l'énergie positive que tous les touristes à la recherche de yoga, méditation et plats végétariens sont venus amener.
Ce sera peut-être tout simplement moi, qui suis dans le juste état d'esprit. Moi, qui aime la spiritualité, la nature, le yoga, la méditation, les massages et la nourriture saine.
Pourtant, les scooters filent et défilent comme partout ailleurs sur l'île. Je les entend pendant ma session de yoga. Mais étonnamment, ils ne me dérangent pas plus que ça.

Je n'aimerais pas oublier les gamines de 10 ans conduire des scooters dans les villages isolés.
Je n'aimerais pas oublier les jeunes femmes occidentales devant leur ordinateur dans les cafés locaux, en train de travailler à côté d'un smoothie bowl, et qui prouvent que oui, avoir ce type de vie, c'est possible.
Je n'aimerais pas oublier l'odeur de l'encens devant les temples familiaux.
Je n'aimerais pas oublier la présence divine que j'ai sentie dans les temples plus grands, et la conviction qu'aucune religion ne détient la vérité absolue, comme aucune religion n'est dans le faux, mais nous avons tous le même Dieu, peu importe le nom ou le nombre qu'on lui donne. Dans cette dimension supérieure, il n'y a pas de nom, il n'y a pas de nombre. Un ou plusieurs, c'est pareil. Chaque entité peut être divisée en plus petites entités et pourtant, tous ensemble nous ne faisons qu'un. Tous ensemble, nous sommes Lui. L'entité suprême et absolue.

Libre.

Bien sûr, écrire. Renouer avec cette passion endormie, cette plume immobile qui a la délicatesse de se réveiller uniquement lorsque mon âme convulse. Lors de la longue et douce descente qui suit l'infarctus de mes émotions. Infarctus. Il n'y a pas d'autre terme.

Ce fut d'une telle violence. Savez-vous ce qui est pire encore que l'adultère? Entendre l'homme que vous aimez donner du plaisir à une autre. Là, dans la chambre d'à côté, à quelques mètres seulement de votre carcasse épuisée. Dans le lit que vous avez partagé, le lit dans lequel vous vous êtes susurrés des mots d'amour, où vous vous êtes endormis chaque soir enlacés, là, dans les entrailles de votre intimité.

Une inconnue, d'elle vous ne connaissez que le visage recouvert d'une couche épaisse de maquillage. Vous l'entendez rire. Vous l'entendez gémir. Réveillée au milieu de la nuit, vous êtes immobile, sous le choc, incapable de réagir.
Une violente nausée s'empare de vous.

Fight, flight, freeze. J'ai fui. Je me suis sauvée. Parce qu'il le fallait, il fallait que je me sauve. Que je me sauve de cet homme dont j'ai été sous l'emprise pendant des mois. Étouffée par ses prétentions. Par sa jalousie. Par son insécurité. Annihilée par l'amour que je lui portais.

De ce genre de choc, on ne se remet pas en 24h. Mon estomac refuse encore toute nourriture, je me réveille au milieu de la nuit et je les entends, encore, en boucle, gémir dans la chambre d'à côté.

Mais, paradoxalement, un autre sentiment, plus fort encore, est né.

Libre.

Nomade


C'est plus fort que moi. Je n'aime pas la personne que je suis quand je suis immobile.
Pourtant je les envie, ces gens qui ont mon âge, parfois moins, ils ont ce qu'on appelle une situation, un appart ou une maison, des économies, une famille.
Et moi je suis là, ici aussi, toujours en mouvement, seule à durée indéterminée, mais seule toujours, puisque jamais je ne m'arrête, puisque l'immobilité m'angoisse, puisque la routine me détruit.
Certains diront que je fuis, que fuis-je? D'autres diront que je suis à la recherche de quelque chose, mais quoi donc ?
Je leur donne tort. Je ne fuis rien. Je ne recherche rien. Je suis une nomade dans l'âme. Une curieuse assoiffée et inassouvie. J'ai visité les endroits les plus beaux du monde, ceux qui pouvaient m'offrir l'équilibre dont je rêve. J'ai rencontré les personnes les plus belles du monde, j'ai partagé une parcelle de leur vie, enlacé leurs forces et leur faiblesses, parfois lié ma vie à la leur éternellement.
Et pourtant, je ne sais m'arrêter. Je marche, cours, pédale, vole jusqu'à en perdre haleine.
Le cœur en paix lorsque je m'avance vers de nouveaux horizons.
Et au fond... Ai-je vraiment envie de m'arrêter ?

Je me suis plantée sur toute la ligne. Et vous aussi (sauf que vous ne vous en êtes pas encore rendus compte).

Cette nuit j'ai fait un rêve. J'étais sur une terrasse au-dessus d'une plage, déserte, sauvage, rouge, faites de pierres et peu de sable. En fait non, ce n'était pas moi sur cette terrasse. C'étaient deux personnalités du show-biz actuel (Chiara Ferragni et Fedez pour être précis). Sauf que j'ai reconnu l'endroit où ils étaient, et cela m'a projetée à leur place, projetée dans mes souvenirs.
J'ai regardé autour de moi, il n'y avait personne. Les terrasses adjacentes étaient vides. La plage, déserte. Et au loin, l'océan, l'horizon à perte de vue. Et je me suis sentie libre. Là, seule face à cette immensité. Une grande bouffée d'air. Libre.
Et puis, je me suis rappelée où était cette plage. Australie. J'avais la tête en bas. Tout était à l'envers. J'en eus le vertige. Et puis évidemment, tout s'est retourné (pour se remettre en place non?). J'eus la sensation de tomber, et je me réveillai.

Au réveil, de retour dans mon appartement milanais. Août. Il fait désormais 40 degrés à l'extérieur. Je me réveille, et tout de suite, cette sensation d'étouffer, tellement contrastante avec la sensation de liberté que j'éprouvai dans mon rêve.

Aujourd'hui, une autre journée passée devant mon écran, à écrire une thèse que personne ne lira jamais (ou au maximum mon directeur de thèse, en diagonale, juste histoire de dire). Une thèse, dernière ligne droite pour obtenir mon quatrième diplôme. Le dernier. La cerise sur le gâteau. Les trois premiers ne m'ont jamais garanti de travail. Bon, peut-être qu'avec celui-ci ce sera différent, une université un peu plus prestigieuse, un grade un peu plus élevé. Et puis un diplôme universitaire, au final, à quoi ça sert? Disons-le clairement, une carte de visite pour entrer dans un bureau. Derrière un écran. Que l'on s'occupe de finances, de ressources humaines, de l'ultime découverte scientifique, aujourd'hui tout se fait assis à un bureau derrière un écran. Et moi, être assise à un bureau derrière un écran c'est mon pire cauchemar. L'antipode de ce que j'appelle liberté.

Alors voilà. Je me suis plantée sur toute la ligne.

Et quand je parle aux gens autour de moi, quand je sors aux traditionnels aperitivi milanais, un apérol spritz, des morceaux de vieille pizza sur une petite assiette, des jolies robes, un joli maquillage, des filles un peu pompettes et puis totalement bourrées, je me dis que oui, c'est sympa, mais c'est un niveau de sympathie qui te permet seulement d'oublier que tu passes tes journées enfermé dans un bureau au service d'une société qui t'utilise pour rembourser la dette nationale (du moins ici en Italie).
Et je peux comprendre qu'à la fin cette vie puisse rassurer les gens, leur donner un sentiment de sécurité. Une routine, les sous qui rentrent, un autre aperitivo.

Est-ce que c'est ça, vivre?

J'ai 26 ans. C'est peu, mais c'est déjà trop. C'est déjà trop lorsque je pense aux si rares moments où je me suis sentie vivre. Et aux si nombreux moments que j'ai consacrés à essayer de me construire une sécurité en somme tout sauf stable, si l'on considère la situation actuelle réservée aux jeunes travailleurs et ma situation en particulier.

J'ai soif de grands espaces verts, bleus, soit de découvrir le monde, sa faune, sa flore, ses cultures, ses gens. Mon appartement est une prison. Tous mes biens matériels sont une prison. Un frein à ma liberté. Que suis-je sensée faire de tous ces vêtements et tous ces livres lorsque je m'envole pour le monde? Je vous l'ai dit, un frein à la liberté. Alors, à ceux qui courent après l'argent et qui sacrifient une part de liberté en passant leur journée enfermés dans un bureau derrière un écran, j'aimerais demander, pourquoi? Pour plus de biens matériels qui seront un frein supplémentaire à votre liberté?

Moi aussi, j'aime bien les jolies choses. J'aime bien les jolies robes, me maquiller, faire l'aperitivo, boire un spritz.
Mais j'aime encore plus me retrouver au milieu d'une forêt tropicale et écouter les oiseaux chanter. J'aime encore plus avoir les pieds dans l'eau et l'horizon à perte de vue. J'aime encore plus partager un repas modeste en compagnie de gens totalement différents, avec une autre culture, où tout est plus sincère. J'aime encore plus la sincérité, voilà. Sans maquillage, sans masque.

Récemment, un ami nous a amenés passer une journée au lac (le lac de Côme, l'un de mes préférés, d'une beauté à couper le souffle). Pour la première fois de ma vie, je suis entrée dans un camping. Mon ami nous a présenté son père, qui vit dans ce camping presque la moitié de l'année. J'ai eu le souffle coupé lorsque j'ai vu ce qu'il avait fait de sa caravane. À l'extérieur, une structure en bois lui avait permis d'agrandir son espace de vie, qui restait restreint, mais la façon dont il était aménagé respirait la liberté. J'aimerais vous décrire ce lieu, mais mes mots ne rendraient pas hommage à cette fenêtre de bonheur.
Je me suis dit qu'il avait tout compris. Et que nous, enfermés dans la pollution des rues milanaises, on se plantait sur toute la ligne.
Et puis je me suis baladée dans le camping et j'ai vu comment les gens vivaient. Et je me suis demandé pourquoi on paie des sommes ahurissantes pour se retrouver dans des hôtels cinq étoiles qui sont identiques partout dans le monde, lorsqu'on pourrait vivre nos vacances si près de la nature et d'une façon si sincère.

Et puis, ma vocation est toujours la même, j'ai envie d'aider les gens à découvrir leur potentiel et à l'exprimer. J'ai envie d'aider les gens à être heureux. Mais comment est-ce que je pourrais le faire si moi-même je me suis plantée sur toute la ligne?


La vie continue.

Le plus bizarre, c'est que la vie continue. Elle continue pour moi, pour Papa, pour Alexia. Elle continue pour tous ceux qui ont pleuré à ton enterrement. Chacun continue son chemin, un petit pas après l'autre. La vie continue, elle continue pour tout le monde, sauf pour toi. Et j'ai le sentiment profond que c'est injuste. Je ne sais pas si c'est injuste pour toi qui ne peux plus profiter des saveurs de la vie, de l'odeur du café le matin, de la terre entre tes doigts, de l'air qui traverse tes poumons, ou si c'est injuste pour nous, qui devons continuer avec la douleur de ton absence pendant que tu te reposes de l'autre côté, sans soucis, dans un sourire éternel.
Ou peut-être que ce qui est injuste c'est simplement que désormais deux mondes nous séparent, et même si je ne sais pas lequel des deux est le plus doux, le plus puissant, je sais que la distance qui les sépare est insurmontable. Je sais que je ne peux plus entendre ta voix, prendre ta main, je ne peux plus respirer le même air que toi, et ça c'est diablement injuste. Tu me manques Nonna. Tu me manques déjà, et ce n'est que le début...

Le Prince Heureux

L'odeur des pins, le bruit des vagues qui s'écrasent sur la plage, une immense terrasse au sol de briques sur lequel marcher pieds nus, le matin, courir l'après-midi lorsque les pierres sont ardentes, un grand-père qui vous interdit d'entrer dans la maison avec le maillot de bain mouillé, ou avec du sable collé sur les pieds, vous y êtes?
Ce sont de mots bien pauvres pour décrire les étés de ma jeunesse dans notre maison en Espagne, mais là n'est pas le sujet de ce post, je voulais simplement vous en faire humer légèrement le parfum pour être mieux ancrés dans le contexte.
Bon. Dans cette maison, il y a un livre d'enfant, qui bien qu'aujourd'hui aie les pages jaunies et la couverture qui se décroche, je continue à lire avec émotion à chaque fois que l'occasion me le permet.
Ce livre s'appelle le Prince Heureux. Il narre l'histoire d'une hirondelle qui, s'étant ennamourachée d'une canne à l'arrivée de l'automne, manque le départ pour la migration vers les terres d'Egypte. Les amours allant et venant, elle se sépare de la fameuse canne (qui a un rôle amplement secondaire dans l'histoire) et se met en route, seule, en direction de l'Afrique pour rejoindre sa famille.
Une nuit, elle s'arrête pour dormir sur l'épaule d'une statue qui représente un prince, et durant la nuit, elle est réveillée par les larmes du prince qui lui tombent sur les plumes. Le prince, qui de son vivant était appelé le Prince Heureux, raconte à l'hirondelle que depuis qu'on l'a émergé au sommet de la ville, il voit tout les jours la misère qui de son vivant lui était cachée derrière les murs de son château, et il ne peut s'arrêter de pleurer. Tour à tour, il demande à l'hirondelle de lui arracher le rubis au bout de son pommeau, et les deux saphirs qui lui font office d'yeux, pour les donner à un artiste, une couturière et une petite fille qui en ont amplement besoin. Si au début, l'hirondelle le fait à contre-coeur, impatiente de rejoindre l'Egypte, elle finit par s'attacher au prince et ne parvient pas à le laisser seul une fois qu'il est devenu aveugle. Elle reste à ses côtés, devient ses yeux, lui raconte tout ce qu'elle voit.
Mais une hirondelle n'est pas faite pour supporter l'hiver, et elle finit par mourir de froid sur l'épaule du prince. À ce moment, le coeur de bronze du prince se brise en deux. Lorsque le maire décide que la statue n'est plus suffisamment belle pour orner la ville et qu'il faut la décrocher et fondre le bronze, les deux morceaux de coeur restent intact. L'histoire finit avec Dieu qui demande à un ange de lui amener la plus belle chose de la ville, et l'ange lui amène le coeur brisé et le corps de l'hirondelle, et Dieu leur réserve sa plus belle place au paradis.
Je ne me rappelle plus qui me lisait cette histoire durant mon enfance, mais je sais qu'à chaque fois je fondais en larmes.

Aujourd'hui, cette histoire me revient en mémoire pour une toute autre raison. Plus le temps passe, plus je me sens comme une hirondelle, ou mieux, un aigle, quoiqu'il en soit, un oiseau qui survole le monde, libre, qui refuse tout point d'accroche. L'idée de rester toute ma vie dans la même ville m'a toujours parue insensée, mais depuis quelque temps, elle m'angoisse. Faire comme les autres, acheter une maison, avoir des enfants, les amener à l'école tous les matins, travailler tous les jours au même endroit, rien qu'à l'idée je sens mes ailes se briser et je suffoque.
Je suffoque, en particulier depuis que je me suis attachée à une statue. Un prince, avec les pieds cloués au sol. Pire, j'en suis tombée amoureuse. Au point de mourir sur son épaule...

Puis-je...?

Est-ce que tu me permets de tomber amoureuse? Comme ça, poser mon pied sur les feuilles mortes du début d'automne et glisser et puis tomber sans jamais m'arrêter, sans aucun de tes élastiques ou parachutes pour me retenir, juste tomber dans ce délicieux gouffre sans fond, saveur exquise entre mes lèvres et qui coule le long de ma gorge jusqu'à mon estomac, non, plus bas encore, là où le feu ne cesse de brûler depuis que tu as plongé ton regard au fond du mien. Ton regard pénétrant, ton sourire innocent qui désormais tournent en boucle dans mon esprit comme un dvd rayé, me permets-tu de tomber amoureuse? Si quelqu'un a inventé le mot coup de foudre c'est que ça existe, c'est qu'on a le droit, non?
Jamais Genève ne m'avait parue si belle.

Estate

Ho incontrato qualcuno quest'estate. Ero così felice. Finalmente qualcuno che mi piaceva davvero, mi piaceva fisicamente ma anche mentalmente, sai, lo trovavo interessante, aveva fatto un giro del mondo, aveva creato una start-up che funzionava bene, era uno sportivo ma non solo, era alla ricerca di sensazioni forti, faceva tutti questi sport estremi, sai tipo il paracadutismo, aveva una moto come quelle che mi piacciono tanto, gli ho chiesto di portarmi a fare un giro, e poi aveva questo sguardo profondo, questo sorriso un po' ironico e a me mi faceva qualcosa quando mi guardava, sai, qualcosa nello stomaco, abbassavo lo sguardo perché mi intimidiva, mi conosci lo sai che non abbasso mai lo sguardo. Mi chiedevo se gli piacessi anch'io, avevo le mani che tremavano prima di chiamarlo, non mi ero mai chiesto se piacessi ad un uomo, non mi ero mai sentita così piccola. Anche i miei amici mi hanno detto che ero cambiata, più energica, più sorridente. Ho visto in lui quello che finalmente mi avrebbe fatto dimenticarti, che mi avrebbe finalmente tolto questo sentimento che siamo anime gemelle, sai, mi avevi resa talmente insensibile a tutti gli altri che ero convinta di non aver altra scelta che tornare da te, sempre, anche se per te i sentimenti per me sono sempre venuti a scatti.
Con lui ho fatto l'amore, ho cercato il suo sguardo mentre lo facevo, ma non comunicava con lo sguardo sai, non è come te, non mi guardava mai. Comunicava tanto con il corpo, una tenerezza e una sensualità poche comuni, io non riuscivo a catturarlo, magari per questo mi piaceva tanto, non riuscivo a capire cosa voleva dirmi, lo sai che a me piacciono quelli torturati, era così paradossale, mi ha incuriosita, mi ha incuriosita tanto che ho continuato a pensarlo tutti i giorni quando sono tornata in Italia.
 Ma guarda che la verità non era così misteriosa, perché ora lo so che l'interessava solo portarmi al letto, ora me l'ha detto nel modo più impersonale che esiste, con un messaggio, e ha aggiunto che non lo interessa rivedermi.
Ed io penso ora che non solo mi hai resa insensibile agli altri, ma mi hai anche resa cieca alla realtà del mondo, alla stronzaggine degli uomini, alla loro insensibilità, perché nei tuoi occhi sono sempre stata la principessa capricciosa che faceva crescere in te tutti questi sentimenti paradossali, oggi so che mi hai amata come mai sono stata amata, che mi hai odiata come mai sono stata odiata, ma che non ti sono mai, mai stata indifferente. E magari è questo che intendevi quando mi hai detto che sono tua e tu sei mio, perché ormai abbiamo lasciato sull'altro questa marca indelebile, ed io non so, Giorgio, non so come farò ora ad avere un rapporto anche solo normale con un uomo.

Citation: Assasymphonie

Cette nuit, intenable insomnie
La folie me guette
Je suis ce que je fuis
Je subis cette cacophonie
Qui me scie la tête
Assommante harmonie
Elle me dit, tu paieras tes délits
Quoi qu'il advienne
On traîne ses chaînes
Ses peines

Je voue mes nuits
A l'Assasymphonie
Aux requiems
Tuant par dépit ce que je sème
Je voue mes nuits
A l'Assasymphonie
Et aux blasphèmes
J'avoue je maudis tous ceux qui s'aiment.

L'ennemi tapi dans mon esprit
Fête mes défaites
Sans répit, me défie
Je renie la fatale hérésie
Qui ronge mon être
Je veux renaître
Renaître

Je voue mes nuits
A l'Assasymphonie
Aux requiems
Tuant par dépit ce que je sème
Je voue mes nuits
A l'Assasymphonie
Et aux blasphèmes
J'avoue je maudis tous ceux qui s'aiment.

Pleurent les violons de ma vie
La violence de mes envies
Siphonnée symphonie
Déconcertant concerto
Je joue sans toucher le beau
Mon talent sonne faux

Je noie mon ennui dans la mélomanie
Je tue mes phobies dans la désharmonie

Je voue mes nuits
A l'Assasymphonie
Aux requiems
Tuant par dépit ce que je sème
Je voue mes nuits
A l'Assasymphonie
Et aux blasphèmes
J'avoue je maudis tous ceux qui s'aiment.

Florent Mothe interprétant Antonio Salieri dans Mozart, l'Opéra Rock

Mon amour, tu m'effraies.

Mon amour, je te crie sur la toile les mots que tu n'es pas prêt à entendre, dans une langue qui n'est pas la tienne et que tu ne peux comprendre.
Mon amour, tu m'effraies. Tu me dis que je réveille en toi une personne méchante, une part de toi dont tu as honte, je vais te dire ce qu'elle est: un monstre. Un monstre capable de manipuler ma douleur et se délecter de la vue de mes larmes, un monstre au regard vide qui m'insulte et m'écrase et m'observe froid sans la plus minime des compassions. Il choisit ses mots avec soin, il choisit encore mieux ses silences. Celui qui détruit mon cœur et s'échappe. Je ne calcule plus le nombre de fois où tu m'as laissée seule avec ma peine. La porte qui claque, la voiture qui démarre, le néant.
Mon amour, je vis maintenant avec cette crainte: quelle est la limite du monstre qui t'habite? A notre dernière dispute, tu m'as menacée de me frapper. Éteins encore une fois cette lumière et je te frappe au visage. Je t'attrape par les cheveux et je te traîne jusqu'à l'autre bout de la pièce.
Que ce serait-il passé si j'avais éteint la lumière à nouveau? Cette question me hante. M'aurais-tu frappée comme tu l'avais dit? Et si ma tête avait cogné sur le coin de la table basse? Et si je m'étais évanouie? Qu'aurais-tu fait? Serais-tu resté de marbre comme face à mon désespoir? Et si j'étais morte? Aurais-tu fui? Appelé une ambulance? Réveille-toi, avant qu'il ne soit trop tard. Redeviens l'homme que j'aime avant de faire quelque chose que tu regretterais. Réveille-toi. Peut-être devrais-je le dire à moi-même... Si seulement j'avais la formule magique pour faire fuir le monstre... Mais ni mes baisers ni mon amour n'ont ce pouvoir. Et pourtant j'essaie, encore et encore. Et plus j'essaie de te donner mon amour, plus le monstre profite de ma faiblesse pour m'écarteler davantage.
Le monstre ne s'en va que lorsque tu le décides, après une heure, un jour, une semaine, trois mois. Même si tu es convaincu que je suis celle qui le réveille. Après tout, c'est plus simple si c'est de ma faute.
Et lorsque je te demande de chercher ensemble une solution pour éviter ces disputes passionnées, ta réponse est simple: il suffit de ne pas te "casser les couilles", il suffit de ne pas t'énerver.
Et je crois... Que c'est ce que disent les hommes violents.
Toi, tu es violent avec l'âme. Pas avec les mains. Et j'espère que tu ne le seras jamais. 
Mon amour, tu m'effraies. Et je ne peux t'en parler. J'ai essayé, sans succès. Je ne peux en parler à mes proches qui me conseilleront de te quitter. La seule fois où je t'ai perdu, mon monde s'est effondré... J'aurais donné ma vie pour avoir la chance de te serrer à nouveau dans mes bras. Je ne peux perdre l'homme qui m'apporte le café au lit le matin, qui m'enlace ou pose sa tête contre la mienne pour s'endormir, cherche ma main au milieu de la nuit. Celui qui caresse mes cheveux lorsque je pose ma tête sur ses genoux, qui m'appelle tous les jours à toute heure de la journée pour savoir comment je vais, qui m'apporte la pharmacie toute entière lorsque je suis malade et un sac entier des pâtisseries les plus délicieuses du monde lorsque j'ai un petit creux. Celui qui a pris le premier avion pour me rejoindre lorsque je suis tombée de mon vélo. Celui qui parcourt 600km en voiture pour savoir ce que ça fait que de prendre ma main. L'homme le plus attentionné et le plus généreux que je n'aie jamais rencontré. Mon homme. Celui que j'aime. Mon amour.

Ti voglio bene.

Les mots sont si pauvres lorsqu'il s'agit d'aimer. Les inuits possèdent 50 mots pour décrire la neige, je pense qu'il en faudrait au moins 50 pour décrire l'amour. 50 nuances d'amour. Mais le français n'a que "je t'aime". On peut éventuellement lui ajouter "bien", "je t'aime bien", un petit mot de rien qui détruit la beauté de ceux qui le précèdent, je t'aime bien, ça ne fait jamais vraiment plaisir à entendre. Je t'aime bien, mais pas assez pour t'aimer.
L'anglais a seulement "I love you". I love you my friend, my sister, my personal trainer, I love you my car, les anglais lovent everyone.
En espagnol, "te quiero", je te veux, je t'aime, quelle différence? L'espagnol aime sensuel, l'espagnol aime charnel, les mots ne sont que secondaires.
L'italien est déjà plus riche en ce qui concerne les mots d'amour. Les italiens aiment par étape. D'abord, ils te veulent du bien, "ti voglio bene". Ils veulent du bien à leurs parents, leurs frères et soeurs, leurs amis, leur compagne. Et puis un jour, le mot tabou, "ti amo". Se ti ama, hai vinto il jackpot. Il ne dira jamais "ti amo" à sa mère, à son père, à sa soeur, à son meilleur ami. Ti amo, c'est seulement pour la passion du coeur, l'amour qui te prend par surprise, te plaque contre le mur, te retourne l'estomac, te transporte sur un nuage et fait décoller tes pieds du sol.
Ma anche l'italiano rimane troppo povero quando si parla d'amore. C'è l'amore passionale, quello possessivo, quello dolce, quello forte, quello paradossale, quello a distanza, quello che sopravvive al tempo, quello dove dai, quello dove prendi, quello dove condividi, quello dove sorridi, quello dove soffri.

Ti voglio bene, serait-ce plus fort encore que ti amo? Ti amo est personnel, individuel, ti amo dentro di me, che c'entra te? Però, ti voglio bene... Ti voglio bene a te, voglio che tu sia bene, solo adesso capisco la potenza di queste tre parole.

Je veux que tu sois bien... A tel point que mon coeur me fait mal lorsque je lis ta peine. Je ne peux être tienne... Et pourtant ti voglio bene, peut-être même encore davantage qu'à celui que j'aime.

Vélo bis

Je voyais les kilomètres défiler sous les roues de mon vélo. Et le compteur de fréquence cardiaque de ma montre augmenter, 135, 143, 150, 156, 164, 170, jusqu’où puis-je pousser mon cœur ? Et j’allais vite. Toujours plus vite. Impossible d’augmenter les vitesses de mon vélo, j’étais au maximum, alors j’ai poussé avec mes jambes, toujours plus fort, mes muscles se contractaient et se décontractaient dans ce mouvement qui était devenu pour eux une habitude, je le sais car ils ne me procuraient déjà plus aucune douleur, il y avait seulement ce compteur, qui augmentait, les arbres qui défilaient et mon cœur qui battait toujours plus vite et toujours plus fort. Et puis je me suis dit, peut-être que si je continue sans jamais m’arrêter mon cœur explosera, il explosera vraiment, concrètement, et alors, si il explose, il ne pourra plus jamais me faire mal.
Et j’ai alors pris cette décision : je ne m’arrêterai de pédaler que lorsque mon cœur explosera.

Vélo

Et là sur ma gauche il y avait la mer, à perte de vue. Le ciel était nuageux mais cela n'altérait en rien les reflets azurs de l'eau. La route asphaltée s'appelait "Lungomare", rien d'étonnant. Face à moi, je la voyais longer la montagne, je la voyais grimper et redescendre. Dans mon corps déjà se tendaient mes muscles, ceux de mes cuisses, de mes mollets, déjà mon corps s'activait d'excitation face à un tel spectacle. Et puis je pris une bouffée d'air, mis mon pied droit sur la pédale, et donnai ma première impulsion. Mon pied gauche vint rejoindre la seconde pédale, mes chaussures s'accrochèrent, et, debout sur mon vélo, je commençai à prendre de la vitesse. Le vent contre mon visage fit sécher les dernières larmes qui collaient encore à mes joues. Arriva la première montée, je me mis à grimper, baissai les vitesses, maintenant, tout mon corps en action, mes muscles se contractent et se décontractent dans un rythme régulier et pourtant tout est dans ma tête, chaque poussée comme un combat contre moi-même, contre la faiblesse de ma douleur, de mes larmes, et aussi contre ceux qui les ont fait couler. C'est ici, ma force, ma revanche, c'est sur mon vélo que je la trouve, c'est ici mon combat, si je peux surmonter la douleur de mon corps alors je peux surmonter toutes les douleurs. Je dois juste atteindre le sommet, ça y est mon esprit se vide, plus rien d'autre n'existe que l'asphalte sous mes yeux, devant ma roue, que mes jambes qui poussent et souffrent et poussent encore. Cette fois-ci j'ai de la chance, la montée n'est pas interminable comme d'autres, je n'ai pas le temps d'atteindre ma limite, je n'ai pas le temps de dépasser ma limite, que déjà arrive la descente. Mes jambes ralentissent. Repos du guerrier. Je prends de la vitesse, je ne veux pas freiner. La route est sinueuse et je penche mon corps sur la gauche et sur la droite pour la suivre. Il n'y a toujours aucune voiture. Le vent de la vitesse sur mon corps encore endolori fait s'hérisser les poils de mes bras. Je respire. Enfin, je respire. L'air marin, l'odeur des arbres, je respire loin des villes l'air de la liberté. A ma gauche, la mer, impassible, n'a pas bougé. L'horizon me contemple dans son infinité.

La fille qui pleure

C’est ainsi que tu te rappelleras de moi. La fille qui pleure. J’ai pourtant tenté d’être la fille joyeuse, celle qui mets du baume au cœur avec son grand sourire innocent qui traverse son visage de part et d’autre de sa chevelure blonde. J’ai réconforté les âmes écorchées, celles qui s’arrêtaient au coin des bars du crépuscule à l’aube. J’ai aimé ce rôle, un rôle facile, on se sent utile, certains mêmes m’ont volé des baisers qui sur leurs lèvres avaient le goût du paradis.
Je pense que c’est ce que j’ai toujours fait, depuis l’enfance. M’occuper des autres par peur de contempler la vacuité de ma propre existence.
Mais le simulacre a cessé avec toi. Tu me tends tous les jours un miroir dont la contemplation me déchire. Tu n’as pas besoin de moi. Pas comme les autres. Tu souhaites me voir m’épanouir face à mon miroir. Et moi, tout ce que je vois, c’est une fille qui pleure. Je déteste ce miroir, on y voit tous les détails de mon âme, l’encre qui a noircit ses rêves, on y voit la désolation et la déception, on y voit le pessimisme, la faiblesse, l’immobilité, la crainte, et par dessus tout l’incommensurable solitude.
Il y a un nœud de mots coincés dans la gorge, de la pyrogravure sur les avant-bras, des bleus dans l’estomac. Un bouclier de muscles que j’ai tenté maladroitement de construire ces dernières années. Il y a aussi une aura dorée qui m’entoure, et un fil de fer qui relie mon corps de la terre au ciel infini. Et à la place du cœur, un trou. Evidemment, mon cœur a disparu. Tu me l’as volé, toi derrière ton miroir.
La fille qui pleure pleure davantage. Elle tente de briser le miroir de ses mains délicates. Sans succès.
Comment suis-je sensée m’épanouir sans mon cœur ? Où trouver le bonheur si je ne puis animer mon corps de sang, de vie?
Mais je connais la réponse.
Rejoins-moi. De l’autre côté du miroir.

Partir

Je suis partie. A 900km, je suis partie. Mes pas sur les pavés ensoleillés, ma tête levée, une ville à découvrir, immense, sublime, authentique. Chaque semaine je marchais, seule, dans cette villes aux odeurs nouvelles, aux sons inconnus, j’en ai appris la langue, la démarche, les expressions, les attitudes. J’en ai appris la carte tant et si bien que je peux la dessiner à main levée. J’ai appris l’indépendance, je me suis lancée des défis qui jusqu’alors me paraissaient infranchissables, dans cette ville tout est possible, dans cette ville la chance me sourit. J’ai pris le train, le bus, mes yeux à travers la vitre, j’ai ressenti l’extase de la liberté. Plus libre encore, depuis que j’ai mon vélo, sous le soleil ardent, face au vent ou sous la pluie, peu importe, je sens mes muscles qui se contractent, la vitesse fouetter mon visage, je roule tout droit, à gauche, à droite, je saute les marches, escalade les montagnes, je foule les sentiers, l’asphalte ou la terre humide, je ne sais pas où je vais, je suis libre.
Puis je rentre chez moi, transpirante, fatiguée, seule. J’aimerais des bras où me blottir, ou simplement une âme à qui parler, ou même seulement une présence à mes côtés. Je me douche, je mange un biscuit ou une part de pizza, et puis… plus rien. Le silence est devenu mon plus fidèle compagnon. Le seul avec qui je peux désormais partager mon bonheur. Mais un bonheur solitaire est-il encore un bonheur ? Je crois que c’était le prix à payer pour ma liberté. La solitude.

Le dessin de mon avenir

Il y a quelques jours, tu m'as demandé comment je voyais mon avenir. La réponse a toujours été évidente pour moi, je préfère mourir tout de suite que de savoir à l'avance ce qu'il va m'arriver. Et puis tu m'as parlé d'un dessin. Un dessin imaginaire, un croquis, une ébauche, tu m'as dit "tu peux effacer, tu peux retoucher", un dessin au crayon avec une gomme à la main, et j'ai compris que ta question tenait du ressort du rêve. D'ailleurs c'est évident, tu es un rêveur, un romantique, un traceur d'images et de paroles d'une langue que je maitrise à peine.
L'idée m'a plu. Tant et si bien qu'elle m'obsède depuis lors. Mettre au défi mon imagination.
Tu sais, je crois que je m'empêche de rêver mon avenir parce que j'ai peur. Peur d'être déçue. Car j'ai toujours été déçue. Mais c'est un autre débat.
Traçons donc ce croquis.
Je vais commencer par le haut.
Bien sûr, un soleil. Celui dont les rayons réchaufferaient mon corps, caresseraient ma peau et la ferait dorer, blondiraient mes cheveux et les poils de mes bras. Sous le soleil, je trace une chaise longue dans un jardin aux allures sauvages. Dans mon jardin, il y a aussi un olivier, un oranger, un figuier, un potager avec des tomates et des courgettes, et un étang avec des petites grenouilles que mes futurs enfants pourront s'amuser à attraper. J'aimerais aussi des herbes, du romarin, du basilic, du persil. Et des fleurs, je ne sais pas encore lesquelles. Disons simplement des fleurs. J'aimerais pouvoir me balader dans mon jardin et sentir l'odeur des tomates, du basilic, du romarin et des fleurs.
Mais j'avais commencé par le soleil. À côté du soleil je mets quelques nuages blancs, comme ça je pourrai m'allonger sur ma chaise longue et me perdre dans les nuages. Et la nuit, j'aimerais me perdre dans les étoiles. J'habiterai loin des lumières de la ville, rien que pour mieux voir les étoiles. Sous le ciel, il y a des collines à perte de vue. Non pardon, j'efface. C'est moi qui suis sur la colline. Et de ma maison, au loin, je peux voir la mer. D'ailleurs, dans mon jardin, il y a un garage à vélos, et je peux descendre à la mer avec mon vélo en une quinzaine de minutes. La mer est transparente, et je dessine plein de petits poissons dedans, de toutes les couleurs. Il y a aussi une plage de sable blanc et le soleil qui se couche derrière l'horizon.
À côté de mon jardin, il y a ma maison. Je ne peux encore la dessiner avec exactitude, mais je sais qu'elle sera blanche et bleue. Dedans, il y aura une salle de sport, une cuisine dans laquelle je pourrai cuisiner les légumes de mon jardin, une chambre avec une fenêtre qui donne sur la mer, et mon bureau. Partout, les meubles seront choisis avec soin. Je trace au crayon des pièces d'antiquaires, quelques œuvres d'art, des photos accrochées au mur. Dans mon bureau, il y aura un escalier en colimaçon qui mènera à une mezzanine avec un bureau en bois orienté face à une baie vitrée qui donnera sur mon jardin. Ici, j'écrirai. En bas des escaliers en colimaçon, j'aurai aménagé la pièce de façon à recevoir mes futurs patients. Là, nous pourrons travailler sur la partie passive, mais je pourrai aussi descendre avec eux dans ma salle de sport pour travailler sur la partie active.
Dans le ciel, il y a aussi un avion. Je continuerai à voyager aussi souvent que possible. Peut-être pour mon travail, en admettant que je me penche également sur l'aspect compétition et que j'accompagne mes patients pour leur apporter le soutien psychologique nécessaire et indispensable à leur performance. Et puis aussi pour voir ma famille. Et enfin simplement pour le plaisir de voyager.
Dans mon lit, dans mon jardin sur ma chaise longue, dans ma salle de sport et autour de ma table à manger, il y a une place vide pour une autre personne. Et aujourd'hui, cette personne, c'est toi. Dessiné au crayon.

Un homme

Tu étais la liberté. Le vent contre ma nuque, la Ducati, la vitesse, le petit coup de casque, mes mains sur tes cuisses. Tu étais l'inconscience de la jeunesse.
Tu étais le sourire que je parvenais à saisir, tu étais le reflet de la douleur dans tes yeux noirs, tu étais la douceur lorsque mes doigts glissaient dans tes cheveux au parfum ambré.
Tu étais l’Italie. Le drapeau autour de ma taille ou flottant à travers la vitre d’une vieille voiture. Sei bella, amore mio. Tu étais la famiglia qui me ressemble. Non ti preoccupare. Au téléphone avec la Nonna ou le Nonno. Tu étais les figues de ton père, la prestance de ta mère.

Les souvenirs comme une claque dans la gueule. J’avais tout oublié. Même écrire m’écorche l’âme.

Tu étais mon avenir. Les enfants que nous ne connaîtrons jamais.
Tu étais le goût des poivrons, la terre sous mes pieds, les oliviers, la montagne, la mer, le soleil.
Tu étais les lettres, les mots. Tu étais le petit ventre de celui qui sait apprécier les bonnes choses.
Tu étais un soleil japonais et des fleurs de lotus.
Tu étais Batman.
Tu étais un chapeau de paille.
Tu étais le café.
Tu étais une dent tordue et un sourire en coin.
Tu étais une guitare à la corde cassée.

Tu es l’homme de ma vie. A jamais.

Le point de non-retour.

Vers minuit, lorsque l’on commande un énième Gin Tonic. S’arrêter maintenant ou continuer. S’arrêter maintenant, rentrer et se lever frais le lendemain matin pour aller bosser. Ou continuer. On le sait, c’est cet instant décisif où l’on se trouve en déséquilibre sur le fil du funambule, de quel côté tomber, on connaît le risque, perdre le contrôle est un choix.

Le point de non-retour, après une énième étreinte. S’arrêter maintenant ou continuer. S’arrêter maintenant, ne plus se revoir, et continuer sa vie, ses projets solitaires. Ou continuer. Et tomber amoureux. On le sait, c’est cet instant décisif où l’on se trouve en déséquilibre sur le fil du funambule, de quel côté tomber, on connaît le risque, perdre le contrôle est un choix.

J’ai commandé un autre Gin Tonic, je suis rentrée à trois heures du matin.

On se lève trop tard, on tente de cacher ses cernes. Crèmes, maquillage, gel, dentifrice, rasoir, parfum, shampoing, peigne. Apparences.

Entre les draps, il y a des traces de sperme et de sang.

Quels que soient la qualité des draps, la beauté de la chambre, le luxe de l’appartement, les traces restent les mêmes.
Que l’on porte une Rolex, des louboutins, que l’on soit artiste, banquier ou chômeur, que l’on soit littéraire ou doué en cuisine, on est tous faits pareils. Nus, on ne peut tricher. Les mêmes poils sur les jambes, les mêmes mamelles, les mêmes mouvements de va et vient lorsque l’on copule, la même merde dans les intestins. On a beau essayer de sublimer cela, croire aux notions abstraites comme l’Amour et le Pouvoir, comme l’Argent et l’Intelligence, la réalité c’est que nous ne sommes rien de plus que la dernière étape de l’évolution, des animaux juste un peu plus complexes que les autres.

Des animaux. Je me lave, gratte ma peau avec acharnement, j’enlève les poils de mes jambes, de mes bras, j’emplis ma bouche de dentifrice, je frotte, je crache, je sors le mucus de mes naseaux, je pisse, je crache encore, je vomis, je me saigne, je me nettoie de l’extérieur, de l’intérieur, je masse mes épaules, mes hanches, mes muscles, je fais sortir les toxines. Je veux être pure, propre, blanche, vide. Je me sèche, m’habille de vêtements propres, leur douceur sur ma peau, je respire.

Je suis auteur érotique. J’ai toujours trouvé cela paradoxal, jusqu’à ce que je comprenne que c’était une façon inconsciente de sublimer ce qu’il y a de plus bestial en l’Homme. De rendre le Sexe noble, abstrait, artistique.

Respire...

Réveil foudroyant. Je me sens tout d’abord vulnérable, peur paralysante du moindre son, peur saisissante face à ma solitude pourtant récurrente mais qui soudain me paraît insoutenable. Les doigts engourdis, j’enclenche une musique dont l’agressivité a usuellement le pouvoir de me rassurer. Rien n’y fait, j’ai peur.
Focus… Le soleil réchauffe tant bien que mal mon corps encore trop sensible après les émois que la nuit lui a fait traverser. Je me vois, me voici, allongée sur mon toit romain, le vent parcourant mes cheveux, les poils de mes bras. Tel est le corps que je dois me réapproprier. Je me glisse au travers de mon ventre, mes mains saisissent la serviette-éponge sur laquelle je me trouve, capteurs sensoriels amplifiés, je ressens tout, je ressens puissance mille, moi qu’une trop lourde épreuve avait endormie, me voici réveillée, tous mes sens aux aguets.
Mon ventre se tord, mon cerveau s’enclenche. Cette nuit la foudre a frappé, plus forte que jamais. Le destin sait bien comment me jouer des tours. Cette nuit, la foudre a frappé lorsque mes lèvres se sont posées sur les tiennes, après l’aveu à demi dévoilé des sentiments qui t’embrasent, un ventre qui brûle, des pensées envahissantes. Tu voulais atteindre mon âme, c’est chose faite. Je ne contrôle plus rien, la foudre a percuté la coque qui entourait mon cœur et l’a brisée en mille morceaux. Réveil…
Vulnérable je suis, je pleure pour les erreurs que j’ai commises, pour l’homme que j’ai détruit sans état d’âme. Mes souvenirs se bousculent et s’évaporent au delà de mes paupières. Je me lève face au vent, face au vide, mon quartier, ma ville, ma nouvelle vie. Insécure et pourtant libre.

Libre.
Respire…

Peter Pan

J’avais commencé à écrire. A tout raconter. Je voulais raconter mon histoire. Laisser l’écriture m’accompagner dans cette épreuve.
Et puis je me suis arrêtée. Je ne sais pas pourquoi. Je n’y arrivais plus.

Peut-être que j’écrivais pour lui… Pour qu’il sache un jour. S’il le demande. Pour qu’il sache à quel point je le voulais alors que tout jouait contre moi. Pour qu’il sache tout ce qu’il s’est passé dans ma tête, ce qu’il s’est passé entre lui et moi. Lorsqu’il serait né et qu’il l’aurait oublié.

Mais il n’y a plus de lui. C’est encore pire que s’il était mort. Il n’a jamais existé. Comment aurais-je pu continuer une histoire où je m’adressais à lui à la deuxième personne ? Il n’y a plus rien. Seulement le vide.

J’ai versé des litres de sang et pas une seule larme. Depuis que le processus s’est enclenché, je n’ai pas versé une seule larme. Même lorsque l’on a du faire euthanasier mon chat après dix-huit ans de compagnie.

Je pense que plus que toute autre chose, je me concentrais sur ma guérison. Les caillots de sang, placenta et autres explosions de liquide rouge me mettaient de façon répétée dans un état de choc qu’aucune émotion n’avait la capacité de troubler.

Et puis hier, ma culotte est restée propre toute la journée. J’ai ôté ma dernière serviette. Voilà, c’est fini.

Fini.

Il n’y a plus rien.

Rien d’autre qu’un souvenir.

Avec lequel je vais devoir vivre le reste de mes jours.

J’éclate en sanglots. Mes larmes brûlent mes yeux et mes joues. Qu’ai-je fait ? Je regarde dehors, la lune est pleine, mon enfant côtoie-t-il le monde des anges ? Cela me paraît absurde étant donné qu’il n’était qu’un amas de cellules. A ce moment, je n’en ai rien à foutre de ces considérations philosophiques qui divisent les grands esprits, plus rien n’importe que le profond sentiment de vide qui m’envahit, et cette certitude : je ne peux plus revenir en arrière.
Ma respiration se coupe. J’ai des fourmis dans les doigts. Je n’arrive plus à respirer ! Je crois que je vais mourir, et je l’aurai mérité, j’ai l’impression d’être un monstre !

Pourquoi ? Pourquoi cette salope de société occidentale nous pousse à croire qu’une femme de 23 ans est trop jeune pour avoir un enfant ? Car c’est vrai : je ne suis pas prête. Personne ne m’a préparée pour ça. Personne ne m’a dit ce que c’était que d’être mère. Personne ne m’a appris. On m’a appris à étudier, à réussir, à m’amuser, on m’a appris qu’il fallait travailler pour vivre et qu’il fallait étudier pour travailler. On m’a infantilisée en me répétant qu’à mon âge je n’étais pas encore assez mature pour comprendre. On m’a sans cesse répété que j’avais la vie devant moi.

La vérité, c’est que l’on vit dans une société où être mère est devenu tabou. La femme doit être l’égal de l’homme, à tel point qu’on lui fait oublier qu’elle portera la vie dans son ventre. Et le jour où ça lui arrive, elle est perdue.

Ou alors, elle se réveille un matin, en général entre 35 et 40 ans, en se disant que merde, elle n’a toujours pas d’enfant, et qu’il faut qu’elle se dépêche d’en faire un. On a même trouvé un nom assez vendeur pour ça : l’horloge biologique.

La femme enceinte est mise dans un monde à part. La mère est mise dans un monde à part. Les célébrités comblées dans leur rôle de mère fascinent le peuple. A distance.

On m’a dit que c’était ma décision. On m’a dit qu’on me soutiendrait quelle que soit mon choix. Mais j’ai senti que tout à coup, j’entrais dans la sphère très privée des femmes enceintes. Celles que l’on n’arrive pas à comprendre et dont on n’arrive pas à comprendre le lien qui les unit à leur enfant.

Mais la vérité, c’est que personne ne cherche à comprendre.

C’est comme si cela rentrait dans la catégorie du mystique. Tellement mystique que l’on n’en parle pas. J’ai dû m’acheter La grossesse pour les nuls pour entrevoir un tant soit peu ce que j’allais traverser.

Alors oui, j’ai l’impression qu’on m’a forcé la main. Personne en particulier. C’est la société qui m’a forcé la main. La société telle qu’elle est qui m’a donné des rêves qui m’ont semblé incompatibles avec la maternité. Des rêves de voyages, des rêves professionnels, des rêves de couple, des rêves d’accomplissement et d’épanouissement.

Aujourd’hui, la société ne nous dit pas : « avoir un enfant est quelque chose d’extraordinaire ». Aujourd’hui, la société nous dit : « avoir un enfant, c’est faire des sacrifices ».

Qu’avons-nous fait de la vie, si ce n’est un projet parmi tant d’autres ?

La vie ne devrait jamais être une option. Et moi, j’ai cédé à la pression d’une société dans laquelle je vis depuis toujours. Pour moi. Parce que c’est cette société que j’abjecte qui m’a faite telle que je suis.

Cheesecake sans lactose

Temps de préparation : 25min Temps de cuisson : 1h10 Temps de repos : 4h




Ingrédients : 
              1 pot de pâte à tartiner aux Speculoos (400g)
              600g de fromage blanc sans lactose
              2 c.s. de crème sans lactose
              4 oeufs
              1 gousse de vanille
             50g de farine
              1 citron vert
              180g de beurre
              150g de sucre

Préparation :
1. Préchauffer le four à 150°C.
2. Mettre une feuille de papier sulfurisé dans un fond à gâteau et napper le fond avec la pâte à tartiner aux speculoos puis mettre au frigo.
3. Zester le citron vert et hacher finement les zestes.
4. Fouetter les œufs et le sucre dans un saladier jusqu’à ce que l’appareil devienne blanc, puis ajouter les zestes du citron vert ainsi que le jus d’un demi-citron vert, la farine et l’intérieur de la gousse de vanille, et fouetter.
5. Dans un autre saladier, mélanger le fromage blanc sans lactose avec la crème sans lactose. Ajouter petit à petit le beurre fondu tout en fouettant.
  6. Ajouter le premier appareil au second et mélanger, puis sortir le fond du frigo et verser l’appareil final sur la pâte à tartiner aux speculoos.
7. Faire cuire pendant 1h10 à mi-hauteur à 150°C. (Astuce : un bol d’eau dans le four permet d’éviter que le dessus du gâteau craque !)
8. Sortir le gâteau du four, le laisser dégonfler puis le mettre à reposer pendant au moins 4h au frigo.




Bon appétit !

Key Lime Pie sans lactose

Temps de préparation : ??min Temps de cuisson : 45min Temps de repos : 20min


Pour la petite anecdote, la Key Lime Pie est une recette
qui utilise normalement du lait condensé sucré.
Malheureusement, il n’existe pas encore de lait condensé sucré
sans lactose, du coup j’ai entièrement revisité cette recette
et en ai créé une toute neuve. C’est la première que je
conçois de A à Z, alors merci de citer la source si vous
souhaitez la transmettre...A vos fourneaux !!


Ingrédients : 
             250g de speculoos
             45g d’amandes moulues
             140g de beurre
             325g de mascarpone sans lactose 
             50g de sucre
             4 œufs
             4 citrons verts – zestes de 4 citrons + jus de 2 citrons (env. 60g de jus)
             2,5 dl de crème liquide sans lactose tout juste sortie du frigo
             1 c.s. de sucre glace
             sel

Première couche…

Préparation :

              1.      Préchauffer le four à 180°C. 
              2.      Emietter les speculoos et ajouter l’amande moulue. Mélanger.
              3.     Faire fondre 140g de beurre. 
              4.      Incorporer le beurre au mélange speculoos-amandes jusqu’à ce qu’il soit imbibé.
              5.      Tapisser le fond du moule à tarte ainsi que les rebords avec le mélange et tasser avec le dos d’un verre.
                        6.    Faire cuire 10 minutes à 180°c .



Deuxième couche…

 Préparation :             

              1.       Baisser le four à 150°C et mettre la première couche de côté afin de la laisser refroidir.
              2.      Séparer les jaunes des blancs dans deux saladiers différents.
              3.      Ajouter aux jaunes d’œufs le mascarpone, et mélanger jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de grumeaux.
                4.    Ajouter ensuite les 50g de sucre et à nouveau mélanger.
5.    Zester les 4 citrons verts (il est plus facile de les zester lorsqu’ils ne sont pas encore découpés…), presser le jus de deux des quatre citrons et ajouter les zestes ainsi que le jus à l’appareil. Mélanger.
6.    Monter les blancs en neige avec une pincée de sel et les incorporer délicatement à l’appareil. L’appareil doit alors prendre un aspect mousseux.
7.    Verser l’appareil sur la base de speculoos refroidie.
8.    Faire cuire pendant 35min à 150°C.


Troisième et dernière couche…

              1.       Laisser refroidir la tarte pendant environ 20min.
              2.       Monter la crème en chantilly bien ferme. 
              3.      Ajouter 1 c.s. de sucre glace à la chantilly et mélanger délicatement.
              4.      Mettre la chantilly dans une poche à douille et disposer la chantilly sur le gâteau refroidi et démoulé à l’aide de celle-ci.
5.    Décorer si vous le souhaitez avec quelques quartiers de citron vert.


Bon appétit !
 
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