Univers

Etendue sur une plage une nuit de juillet, j’observe fascinée l’immensité du ciel étoilé. Par mon regard je m’efforce de pénétrer l’infinie profondeur de l’univers, je plisse mes paupières afin de distinguer les plus lointaines étoiles, et lorsque je les entrevois, je sais qu’elles n’existent probablement déjà plus. Je me demande quelle est la masse totale de vide dans l’univers juste avant de réaliser que le vide ne peut avoir de masse, une sublime contradiction. Après une quinzaine de minutes, mes yeux se sont adaptés à l’obscurité et je vois maintenant régulièrement des étoiles filantes sillonner ce plafond cosmique. J’imagine alors leur réelle taille, un immense noyau de métal et de poussières qui s’embrase au contact de la couche d’ozone et se désintègre intégralement avant même d’avoir touché le sol.

Un tempo saccadé me ramène à la réalité. Je regarde loin derrière moi la foule humaine entassée sur un carré goudronné, je regarde le vide autour et me demande pourquoi ils se regroupent et se serrent les uns contre les autres alors que la température extérieure est de 25°C. De belles lumières colorées fusent et je distingue un mouvement synchronisé de la foule, au rythme du tempo que je perçois. Je regarde à nouveau le ciel et la piste de danse au loin me paraît minuscule. La marche de la société humaine me paraît dérisoire et fragile à côté des lois inébranlables de la nature. Notre planète n’est qu’une poussière au milieu de l’univers, une poussière qui peut mourir au moindre coup de vent. Lorsque je regarde la foule au loin, je me dis que nous ne sommes vraiment que peu de choses, et je commence à comprendre pourquoi ils se serrent, se déhanchent et ferment les yeux. Ils essaient d’oublier.
 
© Copyright Laetitia Carboni 2014 La cerise sur l'éclat de carbone.