Partir

Je suis partie. A 900km, je suis partie. Mes pas sur les pavés ensoleillés, ma tête levée, une ville à découvrir, immense, sublime, authentique. Chaque semaine je marchais, seule, dans cette villes aux odeurs nouvelles, aux sons inconnus, j’en ai appris la langue, la démarche, les expressions, les attitudes. J’en ai appris la carte tant et si bien que je peux la dessiner à main levée. J’ai appris l’indépendance, je me suis lancée des défis qui jusqu’alors me paraissaient infranchissables, dans cette ville tout est possible, dans cette ville la chance me sourit. J’ai pris le train, le bus, mes yeux à travers la vitre, j’ai ressenti l’extase de la liberté. Plus libre encore, depuis que j’ai mon vélo, sous le soleil ardent, face au vent ou sous la pluie, peu importe, je sens mes muscles qui se contractent, la vitesse fouetter mon visage, je roule tout droit, à gauche, à droite, je saute les marches, escalade les montagnes, je foule les sentiers, l’asphalte ou la terre humide, je ne sais pas où je vais, je suis libre.
Puis je rentre chez moi, transpirante, fatiguée, seule. J’aimerais des bras où me blottir, ou simplement une âme à qui parler, ou même seulement une présence à mes côtés. Je me douche, je mange un biscuit ou une part de pizza, et puis… plus rien. Le silence est devenu mon plus fidèle compagnon. Le seul avec qui je peux désormais partager mon bonheur. Mais un bonheur solitaire est-il encore un bonheur ? Je crois que c’était le prix à payer pour ma liberté. La solitude.
 
© Copyright Laetitia Carboni 2014 La cerise sur l'éclat de carbone.