Lettre d'amour à ma Plume.

J’écris, et je m’aventure aux confins du non côtoyé, de l’imaginaire, je fréquente les fantasmes les plus saugrenus, les enfantins, les fantastiques, les lascifs, les pervertis, les dépravés, les sordides, les inavouables. Je voyage dans une infinité de mondes dont la taille est telle qu’elle ridiculise celle du nôtre. Je m’inspire de l’étroitesse de la réalité pour modeler à mon gré celle de mon esprit. Dans cette infime particule que je suis au sein de l’Univers, se trouve une entité plus grande encore, où tout est possible, où rien n’est interdit. Ici, tout est mobile et indéfini. Parfois, il est vrai, je m’y perds, les chemins ne sont pas balisés. Heureusement, j’ai une compagne de route qui me permet d’exprimer cet amas hétéroclite, une page blanche pour support. Ma plume. Mais elle est capricieuse. Elle me fait faux pas lorsque j’en ai le plus besoin, et mes mots deviennent fades, inexpressifs, manquent de sel, de piment (que dis-je, de sucre !), je bafouille. A toi, ma chère plume, laisse-moi te dire ceci : Je suis bien consciente de ne pas t’accorder autant de temps que tu le mérites, je sais que bien trop souvent, hélas, nous nous perdons de vue. Pourtant, tu es ma meilleure alliée, tu es celle qui me fais rêver, mais aussi l’épaule sur laquelle je déverse mes larmes d’encre. Tu es mon poing brandi vers l’avant, vers l’avenir. Tu es la compagne de mes souvenirs, la compagne de mes désirs, de mes projets et de toutes mes ambitions. Tu es même, depuis quelques temps maintenant, une amante toute particulière. Tu es celle avec qui je veux partager ma vie, mais tu le sais autant que moi, cette société nous contraint à un amour difficile. Pour l’instant, je me dois de m’adapter à cette réalité que tu détestes tant, mais je te demande une chose : attends-moi, ne m’abandonne pas, reste ma maîtresse occasionnelle encore quelques temps, et je te reviendrai, entière et promise.

Sublimes Paradoxes

Je bouillonne de froid.
Rejette le désir.
M’extasie d’ennui.
Savoure l’exécrable.
Admire l’ordinaire.

J'avoue l'inavouable et pardonne l'impardonnable.
 
© Copyright Laetitia Carboni 2014 La cerise sur l'éclat de carbone.