Enfance

Déchéance. Le temps est un engrenage destructeur. Tout s'effrite, n'est ce pas? Les certitudes s'effondrent et avec elles les bases sur lesquelles la vie avait été construite. A l'image du visage lisse d'un enfant qui avec le temps devient poreux et ridé, l'âme perd son innocence et la vie sa splendeur. L'enveloppe pure et protectrice est détruite à coups de hache. La suite n'est qu'un combat contre la déchéance, un combat perdu d'avance, dont l'issue est fatale. Sans aucune exception.

Quelle beauté que celle d'un enfant et de ses tourments. Profondeur. Vérité. A un enfant, tout est pardonné.

Puis viennent les ruptures. La mort, la séparation. L'abandon. Ce qui remplissait de joie le visage de l'enfant se ternit par accoups. Il perd pied. Il perd face. Il perd son coup de crayon car les arc-en-ciels paraissent soudain irréels. L'imaginaire fait place à une réalité non modelable
Alors, l'enfant demande et se demande pourquoi.
Mais rapidement l'engrenage de la vie l'entraîne et il n'a plus le temps de se poser de questions, étant manipulé, lavé. L'époque où tout semblait possible est révolue, à présent il faut faire des choix et par conséquent des sacrifices. Les soucis quotidiens s'installent et se lisent bientôt sur le visage de l'enfant devenu adulte.

Il déambule à présent dans une vie sans saveur, ses rêves d'enfance à peine perceptibles dans un recoin de sa mémoire. 
Et puis un jour, il donne à son tour naissance à l'innocence, et les arc-en-ciels reprennent place dans sa vie durant quelques instants privilégiés aux côtés de ce nouveau petit être. Il essaiera de préserver la bulle de celui-ci mais tôt ou tard, il la brisera, c'est plus fort que lui. Il le poussera dans l'engrenage de la vie. La même erreur reproduite à l'infini...

Une plume en sucre.

Une plume en sucre à suçoter pendant qu’elle glisse. Courbes sensuelles de lettres calligraphiées sur un papier lisse. Plaisirs combinés d’une langue qui pétille et d’une pointe qui frétille. Plume léchée laisse s’échapper une goutte sucrée tombée sur le papier. La danse sensuelle de l’élégante plume de sucre dégorge mots qui s’entrechoquent pour former un texte choc.

Mots

Les mots sont la gourmandise ultime, à consommer sans modération. Les mots s’accrochent et se décrochent.  Les mots s’enchaînent, s’entremêlent, se substituent. Les mots se déchaînent.

27 novembre 2009
La force des mots. Mots utilisés, indispensables, transparents. Lisez-les. L'un après l'autre en écoutant la consonance de chaque syllabe, de chaque lettre, et vous sentirez leur puissance s'emparer de vous. Lisez-les comme si vous les absorbiez, comme si vous les avaliez, n'en manquez pas une miette. Lisez-les et relisez-les jusqu'à ce qu'ils fassent partie intégrante de vous. Alors seulement ils pourront émaner de vous sans devoir les chercher, les trouver, sans même devoir leur donner un sens. Vous pourrez glisser sur eux comme on glisse sur un livre. Et ils auront la douceur du papier couché.

Tout est mot aux yeux de l’homme et pourtant tout existe sans le mot. Certains sont sans le mot mais pas de mot souligne l’imprécis. L’imprécision dans la transmission car comment transmettre sans le mot ? Sans mot pas de communication, sans communication pas d’interaction, sans interaction pas de civilisation. Tout n’existerait finalement pas, sans le mot…
Mots abstraits ; plus beaux mais aussi plus délicats à manipuler. Définitions subjectives. Donc utilisation redoutable car sources de malentendus. Malentendus source de conflits et conflits source de désastre. Désastre source d’équilibre donc finalement, mots incontestablement bénéfiques.
Enfin, sans le mot pas de savoir et sans le savoir les hommes ne seraient rien de plus que des ani…mots. 
 
© Copyright Laetitia Carboni 2014 La cerise sur l'éclat de carbone.