Enfance

Déchéance. Le temps est un engrenage destructeur. Tout s'effrite, n'est ce pas? Les certitudes s'effondrent et avec elles les bases sur lesquelles la vie avait été construite. A l'image du visage lisse d'un enfant qui avec le temps devient poreux et ridé, l'âme perd son innocence et la vie sa splendeur. L'enveloppe pure et protectrice est détruite à coups de hache. La suite n'est qu'un combat contre la déchéance, un combat perdu d'avance, dont l'issue est fatale. Sans aucune exception.

Quelle beauté que celle d'un enfant et de ses tourments. Profondeur. Vérité. A un enfant, tout est pardonné.

Puis viennent les ruptures. La mort, la séparation. L'abandon. Ce qui remplissait de joie le visage de l'enfant se ternit par accoups. Il perd pied. Il perd face. Il perd son coup de crayon car les arc-en-ciels paraissent soudain irréels. L'imaginaire fait place à une réalité non modelable
Alors, l'enfant demande et se demande pourquoi.
Mais rapidement l'engrenage de la vie l'entraîne et il n'a plus le temps de se poser de questions, étant manipulé, lavé. L'époque où tout semblait possible est révolue, à présent il faut faire des choix et par conséquent des sacrifices. Les soucis quotidiens s'installent et se lisent bientôt sur le visage de l'enfant devenu adulte.

Il déambule à présent dans une vie sans saveur, ses rêves d'enfance à peine perceptibles dans un recoin de sa mémoire. 
Et puis un jour, il donne à son tour naissance à l'innocence, et les arc-en-ciels reprennent place dans sa vie durant quelques instants privilégiés aux côtés de ce nouveau petit être. Il essaiera de préserver la bulle de celui-ci mais tôt ou tard, il la brisera, c'est plus fort que lui. Il le poussera dans l'engrenage de la vie. La même erreur reproduite à l'infini...
 
© Copyright Laetitia Carboni 2014 La cerise sur l'éclat de carbone.