Vélo bis

Je voyais les kilomètres défiler sous les roues de mon vélo. Et le compteur de fréquence cardiaque de ma montre augmenter, 135, 143, 150, 156, 164, 170, jusqu’où puis-je pousser mon cœur ? Et j’allais vite. Toujours plus vite. Impossible d’augmenter les vitesses de mon vélo, j’étais au maximum, alors j’ai poussé avec mes jambes, toujours plus fort, mes muscles se contractaient et se décontractaient dans ce mouvement qui était devenu pour eux une habitude, je le sais car ils ne me procuraient déjà plus aucune douleur, il y avait seulement ce compteur, qui augmentait, les arbres qui défilaient et mon cœur qui battait toujours plus vite et toujours plus fort. Et puis je me suis dit, peut-être que si je continue sans jamais m’arrêter mon cœur explosera, il explosera vraiment, concrètement, et alors, si il explose, il ne pourra plus jamais me faire mal.
Et j’ai alors pris cette décision : je ne m’arrêterai de pédaler que lorsque mon cœur explosera.
 
© Copyright Laetitia Carboni 2014 La cerise sur l'éclat de carbone.