Respire...

Réveil foudroyant. Je me sens tout d’abord vulnérable, peur paralysante du moindre son, peur saisissante face à ma solitude pourtant récurrente mais qui soudain me paraît insoutenable. Les doigts engourdis, j’enclenche une musique dont l’agressivité a usuellement le pouvoir de me rassurer. Rien n’y fait, j’ai peur.
Focus… Le soleil réchauffe tant bien que mal mon corps encore trop sensible après les émois que la nuit lui a fait traverser. Je me vois, me voici, allongée sur mon toit romain, le vent parcourant mes cheveux, les poils de mes bras. Tel est le corps que je dois me réapproprier. Je me glisse au travers de mon ventre, mes mains saisissent la serviette-éponge sur laquelle je me trouve, capteurs sensoriels amplifiés, je ressens tout, je ressens puissance mille, moi qu’une trop lourde épreuve avait endormie, me voici réveillée, tous mes sens aux aguets.
Mon ventre se tord, mon cerveau s’enclenche. Cette nuit la foudre a frappé, plus forte que jamais. Le destin sait bien comment me jouer des tours. Cette nuit, la foudre a frappé lorsque mes lèvres se sont posées sur les tiennes, après l’aveu à demi dévoilé des sentiments qui t’embrasent, un ventre qui brûle, des pensées envahissantes. Tu voulais atteindre mon âme, c’est chose faite. Je ne contrôle plus rien, la foudre a percuté la coque qui entourait mon cœur et l’a brisée en mille morceaux. Réveil…
Vulnérable je suis, je pleure pour les erreurs que j’ai commises, pour l’homme que j’ai détruit sans état d’âme. Mes souvenirs se bousculent et s’évaporent au delà de mes paupières. Je me lève face au vent, face au vide, mon quartier, ma ville, ma nouvelle vie. Insécure et pourtant libre.

Libre.
Respire…
 
© Copyright Laetitia Carboni 2014 La cerise sur l'éclat de carbone.