Un homme

Tu étais la liberté. Le vent contre ma nuque, la Ducati, la vitesse, le petit coup de casque, mes mains sur tes cuisses. Tu étais l'inconscience de la jeunesse.
Tu étais le sourire que je parvenais à saisir, tu étais le reflet de la douleur dans tes yeux noirs, tu étais la douceur lorsque mes doigts glissaient dans tes cheveux au parfum ambré.
Tu étais l’Italie. Le drapeau autour de ma taille ou flottant à travers la vitre d’une vieille voiture. Sei bella, amore mio. Tu étais la famiglia qui me ressemble. Non ti preoccupare. Au téléphone avec la Nonna ou le Nonno. Tu étais les figues de ton père, la prestance de ta mère.

Les souvenirs comme une claque dans la gueule. J’avais tout oublié. Même écrire m’écorche l’âme.

Tu étais mon avenir. Les enfants que nous ne connaîtrons jamais.
Tu étais le goût des poivrons, la terre sous mes pieds, les oliviers, la montagne, la mer, le soleil.
Tu étais les lettres, les mots. Tu étais le petit ventre de celui qui sait apprécier les bonnes choses.
Tu étais un soleil japonais et des fleurs de lotus.
Tu étais Batman.
Tu étais un chapeau de paille.
Tu étais le café.
Tu étais une dent tordue et un sourire en coin.
Tu étais une guitare à la corde cassée.

Tu es l’homme de ma vie. A jamais.
 
© Copyright Laetitia Carboni 2014 La cerise sur l'éclat de carbone.