Libre.

Bien sûr, écrire. Renouer avec cette passion endormie, cette plume immobile qui a la délicatesse de se réveiller uniquement lorsque mon âme convulse. Lors de la longue et douce descente qui suit l'infarctus de mes émotions. Infarctus. Il n'y a pas d'autre terme.

Ce fut d'une telle violence. Savez-vous ce qui est pire encore que l'adultère? Entendre l'homme que vous aimez donner du plaisir à une autre. Là, dans la chambre d'à côté, à quelques mètres seulement de votre carcasse épuisée. Dans le lit que vous avez partagé, le lit dans lequel vous vous êtes susurrés des mots d'amour, où vous vous êtes endormis chaque soir enlacés, là, dans les entrailles de votre intimité.

Une inconnue, d'elle vous ne connaissez que le visage recouvert d'une couche épaisse de maquillage. Vous l'entendez rire. Vous l'entendez gémir. Réveillée au milieu de la nuit, vous êtes immobile, sous le choc, incapable de réagir.
Une violente nausée s'empare de vous.

Fight, flight, freeze. J'ai fui. Je me suis sauvée. Parce qu'il le fallait, il fallait que je me sauve. Que je me sauve de cet homme dont j'ai été sous l'emprise pendant des mois. Étouffée par ses prétentions. Par sa jalousie. Par son insécurité. Annihilée par l'amour que je lui portais.

De ce genre de choc, on ne se remet pas en 24h. Mon estomac refuse encore toute nourriture, je me réveille au milieu de la nuit et je les entends, encore, en boucle, gémir dans la chambre d'à côté.

Mais, paradoxalement, un autre sentiment, plus fort encore, est né.

Libre.
 
© Copyright Laetitia Carboni 2014 La cerise sur l'éclat de carbone.