Spleen

Mélancolie. n.f. (XIII; bas lat. melancholia, gr. melagkholia « bile noire, humeur noire »). (…) 3° Cour. (XVIIe) État d’abattement, de tristesse, accompagné de rêverie. V. Tædium Vitæ, spleen. (…) « La mélancolie, c’est le bonheur d’être triste » (Hugo).

Tout est dit. La mélancolie, c’est le bonheur d’être triste. La sérénité d’observer la ligne droite de l’horizon, un léger vent laissant se hérisser les poils de la nuque, le cliquetis des mats des voiliers, l’odeur fraîche de la rosée du matin, le silence de l’aurore. Et puis écouter son corps, son cœur, sentir ses entrailles qui se tordent, la poitrine douloureuse, la pression sanguine qui s’accentue jusqu’aux tempes, les veines saillantes, les muscles tendus. Et c’est alors que la mélancolie arrive. La mélancolie, c’est accepter la douleur. La laisser sortir, s’échapper. Laisser les larmes couler, les jambes tituber, le corps trembler. Souffler la haine, la colère, la frustration, le tourment. Respirer la liberté. Celui qui accepte sa tristesse est un homme libre. À partir de ce moment, ce n’est plus la tristesse qui le domine, c’est lui qui domine sa tristesse. La mélancolie, c’est une tristesse sereine.

Le mélancolique n’est pas dépressif. Contrairement à celui-ci, il n’est pas tourmenté. Il n’est pas pessimiste, il est réaliste. Le mélancolique n’est rien de plus qu’un homme placide qui, lorsque de mauvaises choses lui arrivent, accepte la fatalité.
 
© Copyright Laetitia Carboni 2014 La cerise sur l'éclat de carbone.